Les IUFM (1989-2013). Vingt-quatre ans de redéfinition de la formation des professeurs del’enseignement public en France

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Appel à contributions – Colloque international „Les IUFM (1989-2013). Vingt-quatre ans de redéfinition de la formation des professeurs de l’enseignement public en France“. Université Paris-Est Créteil, Jeudi 15- vendredi 16 mai 2025.

Les Instituts universitaires de formations des maîtres (IUFM), créés par la loi du 10 juillet 1989, ont marqué les esprits et leur acronyme reste probablement aujourd’hui plus visible, auprès du grand public, que ceux d’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPÉ), entre 2013 et 2019 ou d’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ) depuis 2019. Ils ont relevé d’une ambition sociale forte : répondre aux besoins pédagogiques créés notamment par l’objectif de démocratisation de l’enseignement secondaire amorcée à la fin des années 1950. La scolarité obligatoire portée à 16 ans (1959, la loi prenant effet en 1967), le collège unique (1975), puis la démocratisation du lycée à partir des années 1985-89 (80% d’une classe d’âge au bac) imposaient de prendre en charge plus longtemps une part croissante, et socialement plus diverse, de chaque génération. Il s’agissait donc de recruter et de mieux former des enseignants plus nombreux, tout en dépassant les clivages séparant instituteurs, enseignants du secondaire et enseignants des lycées professionnels, alors que les départs à la retraite de la génération du baby-boom s’accéléraient. Le projet d’IUFM reposait ainsi sur l’idée que l’amélioration de la formation des professeurs, dans la mesure où elle permettrait une mise-en oeuvre large des pratiques pédagogiques « nouvelles », pourrait rendre possible la réussite de tous les élèves, ou tout au moins améliorer l’égalité sociale dans une école désormais de masse, et réduire un échec scolaire dont la notion commençait à se constituer. On créait pour cela un lieu unique de formation universitaire de tous les enseignants et CPE (Conseillers principaux d’éducation), qu’ils appartiennent au premier ou au second degré, général, technologique et professionnel. Les anciennes Écoles nationales d’instituteurs (ENI), les Écoles normales nationales d’apprentissage (ENNA) et les Centres pédagogiques régionaux (CPR) devaient donc fusionner. La formation devait être professionnalisante, mais aussi basée sur une initiation à la recherche désormais universitaire fondée sur la rédaction et la soutenance d’un mémoire à orientation professionnelle. Elle devait de plus offrir un point de rencontre entre des praticiens et des chercheurs, dans la continuité des Écoles normales d’instituteurs, et de promouvoir des lieux d’innovation pédagogique et de recherche en didactique et sciences de l’éducation. Les IUFM ont existé vingt-quatre ans. En 2007, ils deviennent composante universitaire, puis en 2013 sont remplacés par les ESPÉ. Ils ont systématisé des dispositifs pédagogiques novateurs (tutorat, mémoire professionnel, analyse de pratique professionnelle etc.), soutenu l’émergence de nouvelles disciplines dans l’orbite de la didactique et des sciences de l’éducation, mais ils ont aussi été le point de départ d’une réforme de la formation des professeurs qui peine encore aujourd’hui, trente ans après, à trouver son équilibre.

Pourtant, et peut-être à cause de cela, leur histoire est mal connue. Les travaux qui y ont été consacrés sont jusqu’ici assez peu nombreux : on trouve des articles et des thèses contemporaines de leur existence, quelques ouvrages datant du moment de leur disparition3, par exemple celui de Jean-François Condette (2007) ou le collectif dirigé par Antoine Prost, La formation des maitres de 1940 à 2010 (2014), une histoire des institutions de formation dont la troisième partie porte sur « les IUFM […] un terrain jusque-là non défriché ». Plus récemment, des recherches à partir d’enquêtes orales ont été menées. Ce projet de colloque vise à combler cette lacune. Le recul d’une trentaine d’années autorise à revisiter cette histoire, ce qui s’y est déroulé, les transformations profondes du corps professoral et des pratiques enseignantes qu’elle a générées. Il propose d’éclairer les enjeux actuels de la formation des professeurs et le projet social qui en découle, grâce aux résultats d’un champ de recherches dynamique qui conjugue une diversité d’approches auxquelles est destiné cet appel à communications.

Les propositions d’interventions devront s’insérer dans au moins un des axes suivants. Tous les axes incluent les formations du premier et/ou second degré, les enseignements général, technologique et professionnel ainsi que les différents concours de recrutement.

1 – Un premier axe concerne l’histoire du projet institutionnel d’IUFM, inscrite dans une politique nationale de la formation des professeurs menée par les deux ministères (Éducation nationale et Enseignement supérieur et de la recherche) dont les politiques sont d’autant plus liées que le processus d’universitarisation de la formation est une clé centrale d’analyse. La généalogie de la réforme, le processus décisionnaire, son intégration dans les transformations plus globales des universités, la mise en place et le financement des IUFM, l’histoire des concours de recrutement et leur articulation avec la formation s’inscrivent dans cet axe.

2 – Le deuxième axe s’intéresse à l’organisation de ces formations et à la vie de ces établissements à différentes échelles, dans les contextes sociaux, spatiaux, politiques, culturels des académies, leurs liens avec les établissements scolaires, les milieux associatifs, l’éducation prioritaire, les diverses voies de la rénovation pédagogique etc. Il propose d’interroger l’histoire des contenus et des pratiques de formations, les continuités et les renouvellements par rapport aux formations antérieures des ENI et ENNA, les diversités académiques et les cultures « locales », l’essor des didactiques disciplinaires et des sciences de l’éducation etc. L’attention aux matérialités et aux spatialités à l’échelle des sites ou des académies et les approches « par le bas » sont bienvenues. L’histoire des acteurs, qu’il s’agisse des formateurs et formatrices dans toute leur diversité (de statuts notamment), des étudiant.es ou des stagiaires, s’inscrit ainsi dans l’optique de cet axe.

3 – Le troisième axe propose de questionner l’histoire de la réception des réformes de la formation et du recrutement des professeurs et de leur mise en oeuvre, la manière dont elle est devenue un enjeu politique, les formes de réflexions, d’action ou de luttes qu’elle a suscitées. En effet, la politique scolaire apparaît en France comme une question vive qui génère couramment un débat public intense, voire des mouvements sociaux forts qui ont pesé sur l’histoire des IUFM.

4 – Le dernier axe concerne l’histoire comparée et transnationale qui a fait l’objet de travaux récents. Il propose d’envisager des éléments de comparaison avec d’autres histoires nationales, mais aussi de circulation des idées et des modèles : elle ouvre ainsi l’analyse au rôle des institutions internationales et à la circulation des idées à différentes échelles.

Propositions :

Les propositions, 2500 signes comprenant une présentation résumée des sources utilisées et d’une courte biobibliographie sont à envoyer avant le 31 mai.

1er juillet : finalisation du programme

Jeudi 15- vendredi 16 mai 2025 : colloque à l’Université Paris-Est Créteil

Il donnera lieu à une publication issue du colloque.

Comité d’organisation :

Ce colloque s’inscrit dans le prolongement du projet Géohistoire des IUFM de la banlieue parisienne financé par l’UPEC (https://crhec.u-pec.fr/actualites/actualites/ateliers-geohistoire-des-iufm-de-la-banlieue-parisienne). Il est organisé par l’équipe UPEC/Inspé : Delphine Callen, Amandine Chapuis, Fanny Gallot, Aude Gerbaud, Laurence Guignard, Laetitia Mongeard, Daniel Ourman, Jennifer Vanz.

Comité scientifique

Alain Bernard (UPEC/CAK), Florence Bourillon (UPEC/CRHEC), Frédéric Charles (Université de Picardie-Jules Verne, CURAPP-ESS), Jean-François Condette (Université de Lille/ CREHS), Caroline Ehrhardt (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis/IDHES), Leïla Frouillou (Université Paris Nanterre/ CRESPPA-GTM), Bénédicte Girault (CY Université/DYPEC), Patricia Legris (Université Rennes 2/Tempora), Stéphane Lembré (Université de Lille/CREHS), Jean-Noël Luc (Sorbonne Université/CRXIXe), Emmanuelle Picard (ENS Lyon/Triangle), Aude Seurrat (UPEC-Inspé/Céditec), Frédérique Sitri (UPEC/Céditec), Marianne Thivend (Université Lumière Lyon 2/LARHA), Loïc Vadelorge (Université Gustave Eiffel/ACP), Yves Verneuil (Université Lumière Lyon 2/ECP), Pierre Verschueren (Université de Franche Comté/Centre Lucien Febvre), Michelle Zancarini-Fournel (Université Claude Bernard Lyon 1/LARHRA).